Quelques principes pédagogiques

Un geste naturel ...

Nous nous écartons de l’ « apprentissage » pour privilégier les conditions de l’émergence d’un geste naturel. Cela signifie que le geste n’est pas placé à l’extérieur comme un modèle qu’il  « faudrait » « incorporer » mais qu’il est déjà à l’intérieur et qu’il s’agira donc de le révéler.

Nous entendons souvent:
 « Cela paraît tellement simple !! »

De fait, c’est simple ! c’est  seulement notre complexité qui fait obstacle lorsque nous tentons de reproduire un mouvement.

Nous avons acquis durant notre vie de nombreux comportements gestuels qui nous qualifient, dans lesquels nous nous reconnaissons et auxquels nous sommes attachés ; ces habitudes gestuelles opacifient notre miroir intérieur lorsqu’il s’agit d’exécuter un mouvement qui nous est proposé et qui devrait se refléter intact sur ce miroir; mais l’image est brouillée, parasitée par d’autres images plus anciennes et persistantes.

   

... une qualité du geste éprouvée

Il s’agira donc d’opérer un effacement progressif de ses anciennes images pour y substituer de nouvelles librement consenties et vécues comme plus satisfaisantes. Nous comprenons bien que nous voulons éviter l’empilement de nouvelles images sur les anciennes et que nous nous appuyons sur l’évidence du  constat que les nouvelles sont simplement plus valides.

Musique et Kisando

Le chef d'orchestre

Diriger un orchestre suppose de celui qui le dirige une connaissance parfaite de la partition qu'il exécute; cela va de soi. Mais nous voyons bien qu'outre cette connaissance la direction d’orchestre en elle-même fait appel à une gestuelle très précise qui obéit à des codes connus des musiciens qui la suivent très attentivement.

Il s'établit là une relation très évidente de la musique avec le corps du chef d'orchestre qui danse littéralement la musique qu'il dirige avec la ferme intention d'animer son orchestre, de donner vie à l'œuvre que l'on entend.

 principes  principes

Geste et Son

Un geste ou un ensemble de gestes peut varier infiniment dans son déploiement au même titre qu'un son ou une phrase musicale. Ce sont ces variations infimes et infinies qui constituent la richesse de toute création.

De nombreux pianistes de grand talent interprètent des œuvres semblables et de façon admirable. Pourtant leur interprétation diffère et ne se recouvre pas. Ces interprétations restent distinctes et néanmoins toutes valides. C'est à ce titre que l'interprétation est une création, un acte par lequel une œuvre écrite prend vie sous les doigts de l'artiste. Et plus étonnant encore, un même instrument « sonnera » différemment selon la personne qui le jouera indépendamment de son niveau technique.

Le Kisando met l'accent sur la richesse de ces nuances gestuelles qui échappent le plus souvent à notre perception courante, tant nos mouvements sont routiniers et utilitaires.

Dans les séances musicales nous écoutons des fragments musicaux comme nous goûterions de grands crûs, c'est à dire que nous entrons dans le son et ses composants, non comme des analystes mais comme des explorateurs émerveillés par tant de subtiles nuances sonores. L'étude va consister à transférer l'expérience auditive dans le geste, un peu comme si l'espace qui nous entoure pouvait produire des sons sous l' impulsion de ces gestes.

Cette approche du son par le geste peut de prime abord dérouter mais c’est précisément cette posture nouvelle qui nous intéresse car elle fait appel à une attitude sans stéréotype, entièrement vierge donc totalement ouverte.

Extensions

Le Kisando utilise ces deux instruments traditionnels.

Le « Jo » est une canne rectiligne en bois dur, d'une longueur d'environ 1m28 et de section ronde d'environ 2cm.
Son utilisation présente de nombreux intérêts : le plus notable est l'espace qu'il ouvre en prolongeant le geste au-delà de la limite que le corps nous impose.

Par ailleurs le Jo est un objet neutre tant ses constituants sont simples ; de ce fait il induit dans la pratique un calme relatif. Il s'agira de considérer le Jo comme un partenaire, c'est-à-dire de développer à son égard une attention et un respect identique.

   

Le Jo fait immédiatement appel à une certaine habileté dans son maniement puisqu'on le saisit avec les deux mains alternativement ou simultanément tout en déplaçant le corps dans toutes les directions possibles.

Le Jo, du fait de sa géométrie rectiligne, oriente l'espace en trois dimensions et à ce titre nous renvoie cette orientation dans l'organisation de nos gestes. Bien d'autres aspects encore et d'une grande richesse son étudiés avec le Jo.

 

Le Boken est aussi parfois utilisé dans le Kisando pour unir le souffle et l'acte dans l'instant. C'est un sabre en bois dopnt l'étude nous intéresse dans ses aspects géométriques simples, le point, la verticale, l'horizontale et la diagonale ; de plus, il oriente aussi l'espace dans ses trois dimensions. Le Boken a la vertu d'unifier le souffle et l'action ; il rassemble celui qui le pratique dans un geste souvent unique et bref.

 

   

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